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Alain Lemallier

Je n'ai jamais acheté de chien. Mais curieusement, j'en ai adopté beaucoup sans jamais fréquenter la SPA. J'avais développé une technique très sûre, bien qu'involontaire. Je rencontrais une dame avec un toutou, qui au bout d'un moment, s'envolait vers d'autres aventures, mais en me laissant le chien.

Imparable.

Et puis d'autres sont arrivés. Parce qu'on me demandait de les prendre. Parce que je disais toujours oui. Parce qu'ils étaient souvent vieux. Et parce qu'ils me fixaient, innocents, et que dans leurs regards, je voyais des fêlures, des blessures que je ne pouvais ignorer.

J'ai appris à aimer les museaux blancs. Les chiots sont mignons, mais rien ne me transporte comme un vieux chien. Mais vieux, dans un refuge, ça commence assez tôt, car tout le monde veut des jeunes. A tort, ils ne savent pas ce qu'ils perdent.

Alors, quand j'ai voulu agrandir la meute, pour une fois de manière active, fraîchement arrivé dans ma nouvelle maison, acheté avec cette idée derrière la tête, je me suis dirigé vers Hermeray. Je ne connaissais pas, mais tout le monde disait, il faut aller à Hermeray.

Je m'y rendis donc. Je passais la porte, et je tombais sur Céline Ravenet. Sans même savoir comment elle s'appelait. On voyait instantanément qui dirigeait. Une grande sveltesse blonde d'une énergie folle, virevoltant à vous donner le tournis, mais dans une redoutable efficacité.

Je lui fis part de mon souhait: adopter un chien âgé, sans vraiment d'exigence particulière. Après avoir pris connaissance de mon mode de vie, elle revint avec une fifille de taille moyenne, toute blanche, qui avait été trouvée errante dans le sud de la France. Je la rebaptisais immédiatement Inook. Elle me faisait penser à une louve articque. Elle s'adapta tout de suite à ma petite meute d'alors, s'entendant particulièrement bien avec Bolt, mon Léonberg. Malheureusement, une maladie du foie l'emporta trois mois et demi après son arrivée.

Quelque temps après, je passais chez Céline (parce que pour moi, Hermeray, c'était chez Céline), pour une raison quelconque que j'ai totalement oubliée, et pas folle la guêpe, la patronne, me voyant arriver, car nous avions fait un petit peu connaissance, apparut d'un coup avec au bout d'une laisse une Epagneul Breton de dix ans dont le maître venait de mourir.

J'adore les Bretons, en plus, ils sont souvent invisibles dans les refuges. Je repartis donc avec Miss, devinant le sourire de Céline, qui avait bien réussit son coup! La fifille me souhaita la bienvenue dans sa vie en me mordant la main. Elle n'avait pas apprécié que j'essaye de la porter pour monter dans la 4 L...

Au moment où j'écris ces lignes, Miss dort paisiblement sur le canapé, derrière moi.

Et puis vint l'épisode Némo, et le renvoi inique de Céline de la SPA. Qui me scandalisa. Et m'inquiéta fortement pour Céline. Je me doutais du choc qu'elle devait ressentir. Diriger un refuge, ce n'est pas un boulot. C'est un mode de vie. Et vous l'enlever, surtout à tort, ça ressemble à une petite mort. Et moi, j'avais peur d'une mort tout court.

Très modestement, je recontactais Céline, juste pour dire que j'étais là, dans l'éventualité où je pouvais aider à quoi que ce soit.

Ce fût proposer mon aide pour la relecture de son futur livre. Nous devînmes amis par ce biais.

Elle me confia également en famille d'accueil un petit chien réunionnais, que je n'eus pas le coeur de laisser repartir...

Voilà pourquoi, après m'avoir parlé de son souhait de  créer une association destinée au sauvetage de chiens et de chats, et surtout à (re)mettre en oeuvre SA spécialité, cette propension à trouver si facilement le bon animal pour la bonne personne, je n'ai pas hésité une seconde quand Céline m'a demandé de devenir le trésorier de ladite association.

Je bossais dans une banque, avant, faut dire.

Voilà pourquoi j'ai dit oui tout de suite, tout heureux d'apporter ma petite pierre à ce que je devinais comme une entreprise qui allait vite grandir.

Je me souviens quand j'ai dit oui, à Céline, pour ça. C'était au téléphone, et j'étais dans mon poulailler.

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